Santé mentale : un enjeu collectif, pas seulement individuel
F3SCT
11/3/20251 min read
Santé mentale : un enjeu collectif, pas seulement individuel
Depuis la pandémie, les chiffres s’affolent : +25 % de pathologies mentales selon certaines études. Pourtant, comme le rappellent les psychiatres Mathieu Bellahsen et Marie-Rose Moro, ce n’est pas le Covid qui a créé le malaise, mais il l’a rendu visible.
Ce que l’on nomme aujourd’hui « santé mentale » recouvre en réalité des phénomènes multiples — dépression, addictions, troubles du comportement, anxiété — souvent liés à la violence sociale et économique de notre époque.
Mathieu Bellahsen explique que la santé mentale, née dans les années 1950, visait à réintégrer le “fou” au cœur de la cité. Mais dans les années 2000, ce concept a basculé : il est devenu un outil d’adaptation des individus à un monde compétitif. La santé mentale, dit-il, « est devenue un opérateur d’adaptation à la concurrence mondialisée ».
Autrement dit : on ne soigne plus pour libérer, on soigne pour faire tenir dans un système qui rend malade.
La pédopsychiatre Marie-Rose Moro, cheffe de service à la Maison de Solenn, observe la même dérive chez les jeunes. Anxiété, dépression, troubles alimentaires précoces — l’« anorexie prépubère » touche désormais des enfants avant même la puberté. Ces souffrances, dit-elle, traduisent « un désespoir profond face à une société sans promesse ».
Les adolescents sont poreux aux tensions du monde : perte de sens, surmenage scolaire, précarité étudiante, et absence d’écoute réelle des institutions.
Tous deux dénoncent la marchandisation de la santé mentale. Aux Assises nationales de 2021, c’est France Biotech, consortium de start-up du numérique, qui clôturait les débats avant le président de la République : symbole d’un système où les applis remplacent les soignants.
« On a besoin de personnes humaines pour soigner les problématiques humaines », rappelle Bellahsen.
Marie-Rose Moro ajoute : « Le soin, c’est d’abord une relation. On sait faire, mais il faut du temps, de la formation et des institutions bienveillantes. »
Dans un contexte où la psychiatrie publique s’effondre, leurs voix rappellent que la santé mentale ne se décrète pas par circulaire ni par algorithme — elle se construit collectivement, avec du sens, du soin et du lien.

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